Fanfan et sa maîtresse, et autres histoires érotiques

Auteur(s) : Bernard Guérin

Un grand-père nostalgique et ses deux petites-filles délurées,

d’honorables Anglaises au cours d’une après-midi qui finit en orgie,

un journaliste timide bombardé président d’un concours de Miss,

une professeur de français pleine de bonne volonté

qui reçoit la visite d’extraterrestres amoureux…

#humour #nouvelles #parodie #vintage

9 juillet

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  • 3 heures
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RÉSUMÉ

 

Fanfan, joli jeune homme et amoureux infatigable, est offert en cadeau à Guislaïne par ses parents pour son dix-septième anniversaire. Bien des années plus tard, celle-ci se voit contrainte de se séparer de son petit compagnon. Mais le fidèle Fanfan pourra-t-il se résoudre à abandonner sa maîtresse ?

 

Dans les huit autres nouvelles de ce recueil, on rencontrera un grand-père nostalgique et ses deux petites-filles délurées, d’honorables Anglaises au cours d’une après-midi qui finit en orgie, un journaliste timide bombardé président d’un concours de Miss, une professeur de français pleine de bonne volonté qui reçoit la visite d’extraterrestres amoureux, et quelques autres personnages non moins intéressants.

 

TabletteGuerin

 

EXTRAIT

 

« Fanfan et sa maîtresse.

 

Guislaïne atteignait ses cinquante-cinq ans lorsqu’elle décida de se séparer de Fanfan.

 

Elle avait fait ses comptes et ce n’était guère brillant. En ce début d’année 2227, il lui fallait absolument prendre de bonnes résolutions et réduire son train de vie.

 

Elle appela Fanfan pour lui faire part de sa décision. Il était dans la cuisine, en train d’éplucher les légumes, vêtu de son seul tablier à fleurs tenu par un simple nœud à boucles.

 

Car il était nu, à son habitude. Du moins le matin. Il ne s’habillait qu’après la sieste, vers les trois heures de l’après-midi, afin d’être présentable pour le repas du soir où Guislaïne recevait des amis, filles ou couples, à qui elle le prêtait en échange de nourriture ou de petits cadeaux.

 

Comme Fanfan était joli garçon, Guislaïne avait beaucoup d’amis.

 

*

 

Il se tenait debout devant elle, le couteau à éplucher dans une main, dans l’autre un légume de forme indéfinissable, moitié carotte moitié poirave. Son tablier lui protégeait la poitrine et descendait jusqu’à ses genoux ; car Guislaïne avait toujours peur qu’il se coupe ou même seulement se salisse. Mais son dos était nu, ainsi que ses petites fesses dures, qu’elle aimait tant caresser. Quand elle lui eut appris la nouvelle, il afficha un air désolé.

 

— Qu’est-ce qu’il me va advenir ? s’enquit-il de sa petite voix métallique. Quoi devenir ?

 

Il s’était toujours exprimé de façon laborieuse. Elle avait cessé de le reprendre depuis longtemps, car les centres de la parole du jeune homme n’étaient pas évolutifs et c’était bien inutile de se fatiguer pour rien. Depuis près de quarante années qu’il vivait avec Guislaïne, il n’avait jamais cessé de martyriser le français, ne s’était pas corrigé d’un seul iota.

 

Mais c’était sans importance. L’intérêt de Fanfan était bien sûr de toute autre nature. Elle se borna à lui lancer négligemment : « Ne t’inquiète pas pour ça, mon chou », puis elle alla s’asseoir sur le bord du divan et il comprit tout de suite à son regard le désir de sa maîtresse. Il y était tellement habitué, depuis tout ce temps ! Alors il fit un pas en avant, amenant son ventre à dix centimètres du visage de Guislaïne. Elle dénoua son tablier qui tomba sur l’épaisse moquette. Elle n’eut même pas besoin de le toucher : le membre de Fanfan se dressa aussitôt.

 

— Tu as pris ton lait, ce matin ? lui demanda-t-elle en le saisissant du bout des doigts.

 

— Oui, chérie, répondit-il. Et du chocolat.

 

— Parfait. J’adore le bon sperme au chocolat, dit Guislaïne.

 

— Je sais, chérie.

 

C’était le dialogue habituel, tant de fois répété depuis tant d’années.

 

Elle le prit dans sa bouche, en ronronnant comme une chatte gourmande. Elle lui caressa un peu le ventre, d’un geste machinal, puis leva les yeux vers un grand miroir fixé au plafond juste au-dessus du divan. Elle aimait se contempler dans ses ébats avec Fanfan, surtout lorsque d’autres partenaires se joignaient à eux. Ça démultipliait son plaisir. Le jeune homme avait fermé les yeux et poussait les habituels petits gémissements programmés. Quant à Guislaïne, elle procédait de sa façon la plus routinière, faisant juste ce qu’il y avait à faire (léchage de l’extrémité, palpation des couilles, doigt dans le derrière, etc.). Elle n’avait pas envie de fignolage, pas de grand jeu : c’était juste une petite gourmandise, comme ça, en passant. Elle le sentit vite frémir.

 

— N’éjacule pas tout, lui ordonna-t-elle. Gardes-en un peu pour la sieste.

 

Il acquiesça d’un signe de tête et d’un simple petit grognement. Elle n’aimait pas qu’il parlât pendant le déduit. (Depuis qu’elle avait déniché dans un vieux bouquin ce mot désuet, elle ne parlait plus jamais de coït, ni d’acte sexuel, mais de « déduit ». C’était son petit snobisme.)

 

Il poussa de nouveau un léger gémissement et elle lui dit :

 

— Allez, vas-y maintenant, mon bébé !

 

Elle se mit à le téter goulûment et Fanfan éjacula. Elle dégusta le liquide tiède et parfumé avec un petit gémissement de gourmandise. Elle aimait bien, en milieu de matinée, boire de cette façon son lait chocolaté. C’était un de ses grands plaisirs. Au point qu’elle avait d’ailleurs désappris, depuis toutes ces années, la liqueur âcre des mâles humains. À vrai dire, cette seule pensée lui répugnait.

 

Elle cueillit une dernière goutte qui perlait à l’extrémité de Fanfan.

 

Elle lui tendit les mains. Il se pencha, la releva. Elle lui mit les bras autour du cou, l’embrassa sur la bouche, le nez, les yeux, avec une tendresse toute maternelle.

 

Après quoi Fanfan retourna à ses légumes, car il était habile pour la cuisine. »



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