Partition pour un orgasme

Auteur(s) : Julie Derussy

Quand un séduisant professeur de littérature médiévale rencontre une chanteuse aux cheveux rouges

et au tempérament de feu, ça fait des étincelles. Ils jouent au chat et à la souris, se tournent autour

et s’abandonnent à leurs désirs ardents.

Il s’ennuyait dans son mariage, elle collectionne les conquêtes. Vont-ils se résoudre à s’aimer ?

#comédie #romance #érotisme #girlpower

11 juin

  • Format
  • 4 heures
  • Soft

RÉSUMÉ

 

Quand un séduisant professeur de littérature médiévale rencontre une chanteuse aux cheveux rouges et au tempérament de feu, ça fait des étincelles. Ils jouent au chat et à la souris, se tournent autour et s’abandonnent à leurs désirs ardents.

 

Seulement voilà : si la belle se laisse enlacer, elle refuse de se brûler les ailes au jeu de l’amour. Pour éviter les problèmes, elle a décidé de ne jamais mêler les sentiments et le sexe.

 

Et pourtant… quand ses yeux se perdent dans les siens, quand leurs souffles se mêlent, quand il l’entraîne au septième ciel… ce qu’elle ressent, dans ces moments-là, n’est-ce pas son cœur qui se réveille ?

 

Il s’ennuyait dans son mariage, elle collectionne les conquêtes. Vont-ils se résoudre à s’aimer ?

 

TabletteDerussy

 

EXTRAIT

 

« Chapitre 2 – Un cours de piano

 

Je tends le cul, autant que possible, pour m’offrir à la queue qui me ravage avec ardeur. Un coup de boutoir plus fort que les autres ; je m’accroche au piano pour ne pas perdre l’équilibre. Il n’avait pas tant le cœur à l’ouvrage, tout à l’heure, quand il s’agissait de faire des gammes. D’ailleurs, il n’a même pas fait les exercices que je lui avais donnés. C’est toujours la même chose.

 

Concentre-toi, Élie. Ce n’est pas le moment de perdre le fil ; il te faut ton orgasme. L’autre, dans mon dos, a accéléré le rythme. À ce train-là, ce sera bientôt fini. Je décide de prendre les choses en mains. Mes doigts se glissent entre mes cuisses, trouvent le point fatal, s’y attardent. La joie monte, intense, immédiate. Je gémis sans retenue ; la pensée que les voisins peuvent m’entendre ne fait que m’exciter davantage. Mes cris encouragent mon amant qui me laboure de plus belle. Je ferme les yeux, je creuse les reins, la cadence me transperce.

 

Ma main a dérapé sur le piano. Le plaisir éclate dans un fracas de notes.

 

 

– Tu n’oublieras pas tes exercices pour la prochaine fois, je dis, en remontant ma petite culotte.

 

Elle est trempée. Je vais encore sentir le poney chevauché.

 

– Oui, Élie, il répond, et il se dirige vers la poubelle pour jeter le préservatif usagé.

 

– Oui, Mlle Char, je le reprends.

 

Ce n’est pas parce qu’on a le même âge, et encore moins parce qu’on baise, qu’il peut m’appeler par mon prénom.

 

– Donne-moi mon argent, j’ajoute, énervée. Il faut que j’y aille.

 

– Oui, Mlle Char.

 

Il y a une note d’ironie dans sa voix. Je décide de l’ignorer. Après avoir jeté un œil au miroir pour vérifier que mon chignon ne s’écroule pas, je prends l’air impérial et je m’empare du billet qu’il me tend.

 

 

Cinq minutes plus tard, je trotte dans la rue, ma bonne humeur revenue. Rien ne vaut un petit orgasme pour conclure une leçon rasoir.

 

Au début, j’avais un peu honte. En récupérant l’argent après la séance de baise, je me sentais, disons-le, un peu pute sur les bords. Mais après tout, il n’y a pas de raison que je ne récupère pas de salaire en échange de mes bons et loyaux services. De temps en temps, tout de même, le cours s’achève sans que je le laisse me tringler et il reste là, en mode poutre apparente, à jouer comme un pied le morceau que je lui fais travailler. Il tente une approche, sa main glisse du clavier vers ma cuisse, je le remets à sa place. Bémol. C’est assez drôle.

 

Si je donne des cours, ce n’est pas par plaisir, enfin, pas seulement. Je préfèrerais de loin gagner ma vie à faire la soprane. Cette semaine, je passe une audition pour chanter dans un opéra de Monteverdi, Le Couronnement de Poppée. Le rôle phare me fait fantasmer, j’adorerais jouer cette traînée de Poppée, mais je me contenterais volontiers d’un des seconds rôles, ce sera toujours ça de pris pour ma carrière et mon porte-monnaie.

 

Perdue dans mes pensées, j’ai repris, machinalement, le chemin de mon appartement, oubliant que je dois aller chercher le gâteau pour l’anniversaire de Val. J’étouffe un juron, fais demi-tour.

 

Val, c’est ma meilleure amie. Les gens nous prennent souvent pour des sœurs ; en fait, nous ne nous ressemblons pas tant que ça. Nous avons le même teint pâle, à peu près le même gabarit, mais ça ne va pas plus loin. Val a tous les attributs de la vraie rousse : la tignasse merveilleuse, or et cuivre, pluie vénitienne sur ses épaules, les yeux verts et les pommettes constellées de tâches de rousseur. Elle, ça la fait complexer ; moi, je jalouse sa chevelure. La mienne était couleur de bois mort, avant que je ne la teigne en rouge.

 

Val est beaucoup plus belle que moi mais elle n’en a nullement conscience. Ça m’arrange bien, elle ne me fait pas concurrence dans mes entreprises de drague à cibles multiples.

 

Ce soir, pour son anniversaire, je lui ai commandé un gâteau de derrière les fagots, une pâtisserie organisée en étages, avec colonnes de chocolat et dentelles meringuées. Ça m’a coûté la peau du cul, littéralement, si on considère à quel point je m’use la couenne pendant les cours de piano bihebdomadaires.

 

Pas de regret pour les sous : je sais que ça la fait bicher, les pâtisseries kitsch. On n’a pas trente ans tous les jours. Et puis, je suis sûre que le gâteau sera bon : la vendeuse est une vieille conne mais la marchandise vaut le détour.

 

Lorsque j’arrive finalement en vue de la boutique, il est déjà 18 h. Je ne vais pas avoir beaucoup de temps pour repasser par chez moi me doucher et me changer. En rentrant dans le magasin, je croise le regard d’un type qui fait le pied de grue sur le trottoir d’en face. Il me regarde fixement. Qu’est-ce qu’il a, lui, c’est ma gueule qui ne lui revient pas ? Probablement les cheveux rouges. Il y en a beaucoup que ça défrise. Ce serait tellement plus joli au naturel, mademoiselle ! Au naturel, mon bon monsieur, il y a mes fesses, et je les réserve à d’autres.

 

La tignasse rouge, c’est un vrai filtre à connerie, ça fait fuir les boulets.

 

À propos de boulet, la vendeuse m’a repérée. Je me demande si elle va de nouveau me proposer Le Figaro. Qu’est-ce qu’elle veut que j’en fasse, que je me torche avec ? Les derniers articles sur le mariage gay sont à se pisser dessus. Je m’avance vers elle, prête à lui servir une réplique cinglante, mais non, elle se contente de me donner ma commande, sourire en sus. Je suis presque déçue.

 

Le carton, d’un rose fuchsia, fait presque trente centimètres de haut et je suis censée le manipuler avec soin. C’est pratique. Je suis déjà à la bourre. Val va encore dire que je ne suis jamais à l’heure.

 

Tant pis. On ne se refait pas. »



Disponible également chez

L'Auteur

Julie Derussy

Julie Derussy

Dès son plus jeune âge, Julie Derussy s’est exercée à dénicher les ouvrages interdits dans la bibliothèque de ses parents ; elle lisait tout ce qui lui tombait sous les yeux.

Aujourd’hui, elle est devenue une raconteuse volage : elle a toujours plusieurs histoires sur le feu, des récits tantôt réalistes, tantôt fantastiques. Elle aime quand les personnages qu’elle a créés prennent leur indépendance, lui soufflent des idées, des fantasmes nouveaux. Souvent, ils se déshabillent dans ses pensées et se mettent à nus pour le lecteur – ou la lectrice.

http://www.juliederussy.com/




Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *